6

L’aube était brumeuse. Ce serait l’un des rares matins de l’année où le disque tarderait à se montrer dans sa splendeur. « Mauvais présage », pensa le chef de la police, Mahou, qui avait passé la nuit dans le poste nord le plus avancé. Il avait placé là des hommes d’élite, pour déceler d’éventuels mouvements de bédouins, toujours prêts à lancer des raids. Mahou avait froid et il souffrait des reins. Il s’installa près d’un feu et but un jus de palme de miel.

Le chef de poste avait mené sa première patrouille en direction d’une ligne de collines. Opération de routine. Mahou était pressé de regagner la capitale au plus vite et de goûter un repos bien mérité. Il ne supportait plus les pénibles conditions d’existence de la troupe.

— Chef… Il y a quelque chose d’anormal, prévint un soldat.

Au-dessus d’une éminence montait une fumée. À l’endroit précis où devait se trouver la patrouille.

— Préparez mon char, ordonna Mahou. Deux hommes avec moi.

Mahou s’était amolli, au fil des ans, mais il savait encore sentir le danger et prendre des décisions rapides. Il lança ses chevaux au grand galop et gagna l’endroit incriminé.

Le chef de poste, blessé à la jambe, était soigné par un archer. Les hommes de la patrouille tenaient en respect un Égyptien et un bédouin, maculés de sang et de sable. L’affrontement avait été rude.

— Ils tentaient de s’enfuir, expliqua le chef de poste. Ils ont refusé de répondre à nos sommations.

— Je les interroge moi-même, déclara Mahou.

Le bédouin lui était inconnu. En revanche, il avait déjà vu l’Égyptien, avec son torse maigre et son nez cassé.

— N’es-tu pas un potier du quartier nord ? Je suis Mahou, chef de la police. Je veux la vérité.

L’artisan, effrayé, tenta de s’enfuir. Pieds et mains entravés, il tomba lourdement et se fendit le front sur une pierre coupante. Le bédouin tremblait. La réputation de Mahou n’était plus à faire.

— Nous sommes des malheureux, seigneur… Nous voulions voler de la nourriture.

Le chef de la police considéra le prisonnier d’un œil soupçonneux. D’ordinaire, les pillards détalaient devant la patrouille. Pourquoi ceux-là s’étaient-ils battus, s’ils n’avaient pas quelque chose d’essentiel à cacher ?

— Qu’on les mette face contre terre et qu’on m’apporte mon bâton, ordonna Mahou.

La première bastonnade fit hurler de douleur les pillards, mais ils résistèrent. À la seconde, l’Égyptien demanda grâce. Le gourdin en bois lourd, à la forme incurvée d’une faucille, était une arme redoutable qui entaillait les chairs et disloquait les os.

— Je veux parler, articula difficilement le prisonnier.

— Emmenez le bédouin à l’écart, exigea le chef de la police.

Mahou avait l’habitude des interrogatoires. Un suspect devait parler seul à seul, loin de ses complices, pour ne rien taire de la vérité.

— Je devais contacter des potiers et des marchands, avoua l’Égyptien au dos meurtri.

Mahou s’assit près du détenu pour entendre sa voix très faible.

— Dans quelle intention ?

— Nous sommes mécontents des salaires… Les marchandises n’arrivent plus… Nous voulons organiser une grève.

Le prisonnier respirait avec peine. Mahou le laissa reprendre son souffle, réfléchissant à ses déclarations. Elles n’apportaient rien de nouveau. Les petites gens de la cité du soleil se plaignaient souvent. La capitale avait été construite et aménagée à la hâte, après être sortie du néant de ce désert vide, jusqu’alors, de toute présence humaine. De nombreux fonctionnaires étaient devenus des profiteurs. Des injustices flagrantes demeuraient impunies. De courtes grèves avaient déjà perturbé la vie quotidienne de la capitale.

— Tu mens, conclut Mahou. Pourquoi aurais-tu fait appel à un bédouin pour organiser une grève ? Les gens de sa race ne songent qu’à piller et qu’à tuer mes hommes en leur tirant des flèches dans le dos. Je crois que la bastonnade n’a pas suffi.

Le prisonnier se crispa, tenta de remuer, s’infligeant de nouvelles souffrances en faisant s’incruster les cordes dans ses chairs. Sa tête retomba dans le sable. Il en avala, s’étrangla. Le chef de la police le tira par les cheveux, lui redonna de l’air et le nettoya.

— Parle vite, mon garçon, lui recommanda-t-il, presque paternel. Sinon, tu me contraindras à devenir cruel. Je n’ai pas le choix.

Dès les premiers coups de la nouvelle bastonnade, la douleur devint insupportable.

L’homme parla.

Ce qu’entendit Mahou lui glaça le sang. Il fut heureux d’être le seul à connaître l’abominable vérité. Il rendrait à Pharaon un rapport oral, sans passer par le bureau d’enregistrement des scribes.

Le chef de la police détestait tuer. Son métier consistait à faire régner l’ordre, pas à détruire la vie. Les pillards ordinaires étaient arrêtés, jugés et condamnés à la corvée. Ces deux-là, malheureusement pour eux, portaient de trop lourds secrets. Mahou implora Osiris pour qu’il pardonne à l’âme de l’Égyptien, puis leva son gourdin pour une ultime bastonnade. Dès le troisième coup, il lui brisa la nuque.

L’interrogatoire du bédouin se termina de la même manière. Mahou donna l’ordre de ramener dans la capitale le cadavre de l’Égyptien et de jeter aux hyènes celui du bédouin. Puis il remonta sur son char et partit à vive allure vers la cité du soleil.

 

— As-tu enfin terminé ? s’impatienta Akhésa, s’adressant à sa servante nubienne. Je dois partir immédiatement pour le grand temple. On m’y attend pour la cérémonie du matin. C’est la première fois que j’assiste au culte célébré par mon père ! Te rends-tu compte ?

— Je me rends surtout compte que vous êtes beaucoup trop agitée. Ce n’est pas ainsi que l’on vénère les dieux.

Akhésa demeura bouche bée.

— Les dieux ? Tu n’as pas le droit de parler ainsi ! Notre seul dieu est Aton, la lumière divine !

— Ce sont grandes et belles pensées, princesse, objecta la Nubienne. Mais les gens de ma condition croient en leurs dieux. Nous avons besoin d’eux. Aton donne la vie, il est haut dans le ciel, trop haut pour s’occuper de nos tâches quotidiennes. Qui veillerait sur les accouchées, s’il n’y avait le dieu Bès ? Qui nous rendrait fécondes, sinon Hathor ? Qui fertiliserait les champs, sinon la déesse serpent ?

Akhésa était affligée. Ainsi, la religion nouvelle n’avait qu’effleuré l’âme des habitants de la cité du soleil. Un travail immense restait à accomplir pour ouvrir les cœurs à la lumière du dieu d’Akhénaton.

La Nubienne se jeta aux pieds de sa maîtresse.

— Pardonnez-moi, princesse. Oubliez ces paroles !

— Va-t’en. Je finirai de me préparer moi-même.

Tremblante, la Nubienne se retira. Akhésa n’avait plus qu’à revêtir une robe blanche très simple, portée par les nobles dames depuis les temps les plus anciens. En sentant le contact du lin sur sa peau frottée d’onguents, Akhésa eut l’amère impression d’être seule face à une situation qui la dépassait.

Depuis trois jours, elle éconduisait Toutankhaton, inventant n’importe quel prétexte. La ridicule déclaration d’amour de l’adolescent l’avait exaspérée. L’amour… Comment même y songer alors que l’édifice construit par son père semblait se lézarder ? Pourtant, le jeune prince ne lui était pas tout à fait indifférent. Si sa position à la cour se confirmait, il lui faudrait bien consentir à le revoir. Il ne paraissait pas stupide. Mais Akhésa se sentait bien plus attirée par la puissante personnalité du général Horemheb. Pourquoi avait-il choisi une épouse si conventionnelle ?

Un sentiment nouveau, que les sages condamnaient, emplit le cœur de la princesse : la jalousie.

Au cœur de la cité du soleil, le grand temple d’Aton recevait dans ses cours à ciel ouvert l’effet bienfaisant de la lumière du matin. Comme chaque jour, Pharaon se rendait au sanctuaire dont il avait dirigé lui-même la construction. Et chaque jour, il goûtait l’instant extraordinaire où les hymnes, les prières et les sacrifices faisaient se lever à nouveau le soleil dont dépendaient toutes les formes de vie, au ciel comme sur terre.

Akhénaton avait voulu que le temple d’Aton fût unique. Il n’y avait pas de progression, comme dans les autres sanctuaires d’Égypte, de la clarté de l’extérieur vers les mystères du Saint des Saints où la divinité était cachée au cœur des ténèbres, mais une simple enfilade de cours et de salles ne présentant aucun obstacle à la diffusion des rayons vivifiants d’Aton.

Au début de la cérémonie, le roi pénétra seul dans le grand temple isolé des autres bâtiments du centre ville par une double enceinte. Pharaon dépassa le logement des prêtres gardiens, accolé à la seconde enceinte. Puis il parcourut un espace découvert et s’arrêta devant la grande entrée formée de deux hauts pylônes entre lesquels était ménagée une porte étroite. Contre la façade de chacun des pylônes étaient dressés cinq mâts au sommet desquels flottaient des oriflammes, manifestant l’action du souffle divin. Par la double représentation du nombre cinq, Pharaon rappelait l’enseignement de la ville d’Hermopolis, située face à la cité du soleil, sur l’autre rive du Nil, là où régnait Thot, patron des scribes, créateur de la langue sacrée et maître du Cinq, symbole de la Connaissance.

Debout au cœur de la porte étroite, les yeux fixés vers l’orient du temple où poindraient bientôt les premiers feux du nouveau soleil, Pharaon contint un profond soupir. Ce matin, il éprouvait la plus grande peine à se concentrer sur la pratique rituelle, sur cette tâche vitale pour le bonheur de son peuple. Le rapport oral de Mahou, le chef de la police, l’obsédait.

Ainsi, l’on complotait contre lui depuis Thèbes. Les prêtres du dieu Amon, dont il avait supprimé les pouvoirs temporels exorbitants, supportaient mal son autorité. Ces hommes vils et méprisables osaient remettre en cause la révélation d’Aton. Ils tentaient même de former un parti d’opposition dans la cité du soleil. Ils avaient décidé d’y fomenter des troubles. Pis encore, l’Égyptien interrogé par Mahou avait reçu pour mission d’organiser un groupe d’extrémistes décidés à assassiner Akhénaton.

La tristesse déchirait l’âme du roi. Pourquoi suscitait-il la haine, alors que sa religion enseignait l’amour ? Pourquoi déclenchait-il tant de passions alors qu’il désirait offrir à l’humanité les bienfaits de la lumière ? Le fardeau qu’il s’était imposé commençait à peser trop lourd sur ses épaules. Il eut brusquement envie de poser à terre sa double couronne, de devenir un homme comme les autres, d’oublier ses devoirs écrasants. Peut-être se trompait-il depuis le début de son aventure. Peut-être n’était-il pas apte au métier de roi. Il aurait tant aimé en parler à la femme qu’il chérissait, Néfertiti. Mais elle refusait obstinément de le recevoir, sans lui donner la moindre explication. Et jamais il ne s’était permis de passer outre les décisions de la grande épouse royale sans le concours de laquelle la nouvelle capitale de l’Égypte n’aurait pas vu le jour. Tant que le roi et la reine avaient été unis dans l’action, leurs entreprises avaient été couronnées de succès. Depuis qu’il affrontait l’épreuve de la solitude, Akhénaton subissait des revers. La communion avec Aton lui permettait encore de faire front, mais il s’affaiblissait.

La plus intolérable des informations obtenues par le chef de la police concernait précisément Néfertiti. Des émissaires des prêtres thébains auraient réussi à la joindre et à la convaincre d’agir contre son mari. Avec l’appui de la grande épouse royale, qui aurait déjà choisi un nouveau pharaon, un complot pouvait aboutir au renversement du roi régnant, à la fin de son idéal grandiose. Ce nouveau souverain n’était autre que le jeune prince Toutankhaton, un enfant venu habiter la cité du soleil sur l’ordre de Néfertiti.

Akhénaton ne pouvait poursuivre plus longuement sa méditation sans susciter l’inquiétude des ritualistes. Il avança, entra dans une salle à colonnes dont seuls les bas-côtés étaient couverts d’un plafond. Il s’y recueillit quelques instants et prit, sur un autel, le sceptre qui lui servirait à consacrer les offrandes. Puis il marcha dans une immense cour à ciel ouvert pourvue de trois cent soixante-cinq socles de brique, un par jour de l’année, destinés à recevoir des aliments.

À qui Akhénaton pouvait-il faire confiance ? Le général Horemheb le détestait, le « divin père » Aÿ était un courtisan opportuniste, Hanis un ambassadeur rusé, Mahou un chef de police honnête mais borné… Sans Néfertiti, Akhénaton dépérissait. Il n’avait pas de fils à ses côtés pour lui prêter main-forte et ne croyait pas aux capacités de femme d’État de sa fille aînée, pourtant garante de la légitimité.

Akhésa… Oui, il avait confiance en Akhésa, cette enfant sauvage et indépendante qui venait de se transformer en femme. Sans qu’elle le sache, il lui offrait les moyens nécessaires pour être une princesse de haut lignage capable de tracer son propre destin. Elle serait fidèle à Aton, il en était sûr. Mais elle n’était que la troisième de ses filles. Quelle aide lui apporterait-elle, sinon la plus tendre des affections ?

Akhénaton traversa cinq cours. Quand il parvint dans la sixième, dont le centre était occupé par un grand autel, il se recueillit à nouveau. Furent alors introduits les dignitaires qui avaient l’autorisation d’assister à la cérémonie. Sortit de leurs rangs la fille aînée, Méritaton, vêtue d’une ample robe plissée et coiffée de la mitre rouge que portait ordinairement la grande épouse royale, Néfertiti. Elle se plaça derrière Pharaon.

La seconde fille du roi gardait la chambre en raison d’un nouvel accès de fièvre. Akhésa avait pris sa place, près de l’autel. Parmi les chanteuses du temple, qui entonnaient l’hymne Éveille-toi en paix, destiné à faciliter le lever du soleil, Akhésa reconnut la maîtresse de l’ambassadeur Hanis.

Akhésa contenait mal sa rage et sa déception. En prenant la place de Néfertiti, Méritaton était reconnue comme reine. Peut-être Akhénaton allait-il l’épouser rituellement car, selon l’enseignement d’Aton, seul un couple pouvait régner sur la cité du soleil. Ainsi serait consacrée l’accession de la fille aînée au sommet de la hiérarchie. Aujourd’hui, elle ne remplissait qu’une fonction rituelle. Demain, elle jouirait d’un pouvoir effectif. Pourtant, selon les confidences du prince Toutankhaton, un autre mariage n’avait-il pas été prévu pour elle ?

Après les affres de la jalousie, Akhésa était en proie à celles de l’ambition. Pourquoi ces démons la torturaient-ils ainsi ? Pourquoi ne se contentait-elle pas d’être une princesse menant une vie luxueuse à la plus fastueuse des cours ? Le génie qui l’habitait était-il bon ou mauvais ?

Le soleil se leva, illuminant le grand autel.

Akhésa jura à son dieu qu’elle irait jusqu’au bout d’elle-même.

Les chants se turent. Akhénaton, suivi de sa fille aînée, grimpa les marches qui conduisaient au centre de la cité du soleil, à cette pierre d’offrande qui en constituait le cœur. Pharaon présenta au soleil un plateau d’or sur lequel avaient été posés des bijoux portant les noms d’Akhénaton et de Néfertiti. Partie immortelle de l’être, le nom des souverains serait ainsi illuminé par Dieu.

Brandissant ensuite la massue, Akhénaton s’apprêta à consacrer l’autel avant que ne fussent apportées les offrandes.

Akhésa était impressionnée par la prestance de son père. Il donnait une force incomparable à cette cérémonie si simple. Mais le regard de la princesse ne parvenait pas à se détacher de sa sœur aînée. Autant les gestes d’Akhénaton étaient empreints d’une naturelle solennité, autant l’attitude de Méritaton, trop fière, manifestait son manque de foi.

Un rayon de soleil aveugla Akhésa.

Pour y échapper, elle leva les yeux vers le mur d’enceinte.

À son sommet, un homme couché à plat ventre maniait une fronde. L’arme en fil de lin tressé était tendue.

Il visait Pharaon.

Il tenait l’une des deux cordes, parfaitement lisse, entre le pouce et l’index. À l’instant précis où Akhénaton terminait l’adoration au soleil levant, le criminel déclencha le départ du projectile.

Akhésa hurla.

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